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Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 2.djvu/488

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districts ont été très-maltraités. Dans le district de M. Calais, les chrétiens de sept petits hameaux ayant été envahis par une troupe de satellites renforcés d’une horde de maraudeurs, nos néophytes ont perdu leur misérable mobilier, leurs vivres et leurs habits ; beaucoup de maisons ont été livrées aux flammes, les autres sont devenues inhabitables. Les persécuteurs qui avaient envie de piller et non d’emprisonner, n’ont emmené que trois chrétiens qui, après six mois d’incarcération, ont eu le malheur de se délivrer par une apostasie formelle. Dans la province sud-est du royaume, la persécution a aussi grondé dans plusieurs districts, pendant l’hiver et le printemps, jusqu’à la Trinité. Vers cette époque, une préoccupation plus sérieuse a imposé silence à tout le monde ; païens et chrétiens, roi, ministres, mandarins et peuple, tous ont été tenus en haleine par quelques démonstrations populaires assez insignifiantes, quelquefois même ridicules, mais qui ont cependant suffi pour faire trembler le gouvernement et toute la Corée.

« J’avais souvent pensé que le peuple coréen est incapable d’une insurrection qui puisse renverser son gouvernement, et cette pensée, je la puisais dans la connaissance de son égoïsme. Une conjuration se forme-t-elle ? les conjurés semblent rivaliser à qui trahira le premier le secret, pour avoir une récompense du gouvernement. En outre, l’autorité royale est toujours vénérée des Coréens. On ne peut pas entendre le mot rebelle sans lire en même temps, sur la figure de celui qui le prononce, l’horreur que provoque cette idée. Cela explique pourquoi ce pauvre peuple dévore en silence, et sans le moindre acte de résistance ouverte, de longues années d’oppression, d’injustices et d’avanies que je ne vous rapporte pas, parce que vous n’y croiriez pas. Cette fois néanmoins, le peuple a semblé pendant quelques semaines se réveiller de sa léthargie, mais pour retomber plus bas, et rester plus docilement foulé aux pieds, car je doute que, dans deux ou trois mois, les mandarins pensent encore à la frayeur qu’ils ont éprouvée.

« Les causes de ces manifestations populaires ont été l’avidité insatiable et les vols monstrueux des fonctionnaires de toute espèce et de tout grade. Depuis bien longtemps, les ministres, qui sont en Corée de véritables maires du palais, percevaient de forts tributs sur la collation des dignités ; les places étaient littéralement à l’encan. L’abus allant toujours en augmentant, on semble avoir introduit la coutume de faire avancer, par chaque dignitaire nouvellement nommé, une somme égale à ses appointements