Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 2.djvu/67

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avait grandement besoin du secours de la religion. Je sais de science certaine que ce cher confrère y fait beaucoup de bien.

« Ce fut la lettre de Joseph qui donna lieu à tous ces contretemps. Ce jeune homme, trompe par les fausses espérances que lui avaient données les chrétiens du Léao-tong, écrivit à M. Umpières que les Coréens étaient disposés à tout entreprendre pour m’introduire chez eux : mon entrée était fixée aux derniers jours de l’année 1833 : j’avais de plus une maison en Tartarie, et les chrétiens consentaient volontiers à me recevoir. Aussitôt M. Umpières, au comble de la joie, prépare une maison pour servir de séminaire aux jeunes Coréens qui allaient, croyait-il, arriver incessamment à Macao. Il jeta un instant les yeux sur M. Chastan pour directeur, mais celui-ci demanda avec tant d’instances d’être exposé au danger, qu’il obtint enfin son congé, non sans beaucoup de peine. La barque du Fokien qui fait la fonction de paquebot de Macao au Fokien, et de Fokien à Nanking, était sur le point de faire voile pour Fougan ; on profita d’une si belle occasion. M. Chasian s’embarqua en septembre 1833, et arriva à Fougan en novembre. M. Maubant y était encore ; il apprit cette heureuse nouvelle, que tout le monde regardait comme certaine. À l’instant même on prit des mesures pour partir, et dans peu de jours M. Maubant et M. Chastan furent en route pour la Corée. Ce faux rapport vint fort à propos pour débarrasser Mgr du Fokien de deux missionnaires européens, dans un temps où l’un de ses confrères venait d’être arrêté, et où il y avait lieu de craindre que cette arrestation ne causât une persécution générale dans cette province.

« Quand M. Chastan fut parvenu au Kiang-nan, il s’aperçut qu’on l’avait induit en erreur. Alors il forma un autre plan de campagne ; il s’embarqua, lui quatrième, sur la mer Jaune, et alla jusqu’aux frontières de la Corée, construire ou acheter une maison. Il se persuada qu’il pourrait bien rencontrer le P. Pacifique, et entrer avec lui. Quand il eut pris terre en Tartarie, deux de ses courriers, transis de peur à la vue d’une contrée inconnue et presque déserte, s’enfuirent ; et ils remontèrent dans leur barque, pour revenir à Nanking. Ils voulaient même entraîner M. Chastan avec eux ; mais celui-ci tint ferme, il les paya, les congédia, et s’en alla ensuite à la découverte avec un seul Fokinois, qui lui resta fidèle. Après un mois de temps employé à des courses hasardeuses et à des recherches inutiles, il arriva sur les frontières de la Corée ; il en contempla les montagnes à loisir ; comme Moïse, il salua de loin cette terre