Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 2.djvu/68

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promise ; et comme le législateur du peuple de Dieu, il ne put point y entrer, il ne trouva personne qui voulût l’introduire : il fut donc obligé de rétrograder sans avoir rencontré le P. Pacifique, et sans avoir préparé un logement à ceux qui devaient marcher sur ses traces. Il vint débarquer près de Péking ; par là, il évita une douane que les Chinois eux-mêmes franchissent difficilement. Deux interprètes latins, dont l’un est du Sutchuen et ancien élève de Pinang, et l’autre du Fokien, furent instruits de sa triste situation ; ils prirent sur eux de l’introduire dans Péking, au péril de leur vie ; ils le tinrent caché chez eux, et fournirent généreusement à tous ses besoins. Ne pouvant faire mieux, je les remerciai par lettre. Mgr l’Évêque de Nanking lui offrit alors ou de retourner à Macao, ou d’aller dans le Chang-tong exercer le saint ministère sous la juridiction de M. Castro, son vicaire général ; il accepta ce dernier parti. Il se mit en route vers la fin d’août pour sa nouvelle mission ; il y fut reçu en triomphe et au son des fanfares, on chanta des messes en musique et à grand orchestre, il y eut grand concert pendant son dîner, etc. Cette brillante réception se fit à un quart de lieue du village où j’avais été retenu prisonnier pendant trente-six jours.

« M. Chastan est encore dans le Chang-tong ; il est fort content de se trouver là, en attendant le moment où il sera appelé pour aller en Corée. Il croit pouvoir faire le trajet du Chang-tong en Corée en vingt-quatre heures, si le vent est favorable…

« Le 31 août, je reçus une longue lettre de M. Maubant. Il tâchait de me prouver dans une dissertation assez étendue qu’il fallait aller chercher les Coréens chez eux puisqu’ils ne venaient point à nous. D’après son plan, on devait aller s’établir sur les frontières et, après avoir bien observé les localités, il fallait emporter la place de vive force, si l’on ne pouvait la prendre par composition. Il s’offrait à monter le premier à l’assaut. Il invitait M. Chastan à le suivre, mais celui-ci ne se sentait pas le même courage. Son passage précipité en Tartarie, les dangers qu’il avait courus inutilement, et les désagréments qu’il avait éprouvés à son retour, lui avaient donné de l’expérience et modéré son zèle un peu trop ardent. « Je viens, lui répondit-il, des lieux où vous voulez aller ; je sais ce que je dois en penser. N’enjambons pas sur la Providence, pour me servir de l’expression de saint Vincent de Paul, attendons le retour des Coréens ; ils doivent venir bientôt à Péking. S’il y a quelque