Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 2.djvu/96

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sée sur le versant méridional de la montagne voisine, au milieu des sépultures des chrétiens. On plaça sur cette tombe une pierre où fut gravé le caractère Sou, nom chinois de l’évêque de Capse. C’est là, dans une bourgade ignorée de la Tartarie occidentale, que repose, en attendant la résurrection glorieuse, le premier vicaire apostolique de la Corée.

Sa mission était remplie. Dieu l’avait suscité pour ouvrir la route de la Corée aux missionnaires : lorsque cette route fut ouverte, il alla recevoir sa récompense. L’évêque de Capse a tracé lui-même, sans y penser, son portrait dans une lettre adressée aux directeurs du séminaire de Paris. Parlant des qualités que devait avoir un missionnaire destiné à la Corée, il disait : « Ce doit être un homme solidement pieux, d’un caractère ferme sans être enthousiaste, d’une constance à n’être jamais rebuté par les difficultés, les dangers et les contradictions de tout genre dont il sera environné. Ce doit être un prêtre qui se condamne généreusement à tous les sacrifices, et qui ne voie que Dieu en tout. » Tel fut Mgr Bruguière. La prière et la mortification étaient ses vertus favorites. Il observait un jeûne presque continuel. Chaque semaine il récitait l’office des morts. Chaque jour, à la récitation ordinaire du chapelet, il ajoutait le chapelet des sept douleurs, et plusieurs autres prières en l’honneur de la très-sainte Vierge. Chaque jour il récitait une prière particulière pour le succès de sa laborieuse entreprise et pour les charitables fidèles de France membres de l’association de la Propagation de la Foi, vivants ou morts.

Toutes les lettres de Mgr Bruguière respirent la simplicité et l’humilité apostoliques, et montrent qu’il possédait ces vertus dans un haut degré. « Quoique j’aie passé une partie de ma vie dans des grands et des petits séminaires, écrivait-il au supérieur du séminaire de Paris, je ne suis pas pour cela un meilleur directeur. Je n’ai pas le talent de connaître les élèves et encore moins celui de les diriger. » — « Si vous avez trouvé dans ma longue relation, dit-il ailleurs, quelque chose qui vous ait choqué, des termes inconvenants, des jugements téméraires ou quelque chose de semblable, daignez m’en avertir charitablement. Je tâcherai, avec l’aide de Dieu, de me corriger et de réparer le scandale. Je ne crains rien tant qu’un pareil malheur. J’attends de votre charité que vous me fassiez observer tout ce que vous trouverez de répréhensible dans ma conduite. » À cette humilité étaient jointes une douceur et une bonté parfaites qui lui faisaient toujours excuser les fautes du prochain. Lorsque les