Page:Dancourt - À Mr. J. J. Rousseau, 1759.djvu/111

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Vous ne vous arrêtez point à parler des Valets de la Comédie : vous croiriez profaner vôtre plume que de prendre la peine de les critiquer j’en parlerai moi, & même pour juſtifier l’uſage qu’on en fait : on les repréſente tels qu’ils ſont, fourbes, fripons impudens par une raiſon très louable, c’eſt comme ſi l’on diſoit aux peres de famille, vous qui négligez de prendre vous mêmes ſoin de l’éducation de vos enfans, qui ne leur donnez ſouvent que vos valets pour ſurveillans ou tout au moins qui leur permettez trop de commerce avec eux, vous qui par une ſéverité mal entendue êtes presque toujours oppoſés à des goûts que la nature & la jeuneſſe autoriſent ; vous qui ſans faire aucune attention à l’inclination, au goût, au caractere de vos enfans, ne leur preſcrivez que ce qu’ils doivent haïr, ne ſoiez point ſurpris s’ils ſe livrent à des conſeils tout à fait oppoſés à vos vûes & ſi les avis d’un Valet frippon, ou d’une Soubrette effrontée obtiennent leur confiance que vôtre dureté leur a fait perdre. Voilà M. l’uſage que nos Auteurs font des valets. Plus ils les font voir dangereux plus ils les rendent odieux, plus ils autoriſent les gens ſenſés, les peres de famille attentifs à ſe défier d’eux & à ſe pourvoir contre leurs manéges & leur fourberie ; plus ils leur font ſentir combien il eſt dangereux de ſouffrir aucun commerce entre leurs enfans & de pareilles gens. Montrez à quel-