Page:Dancourt - À Mr. J. J. Rousseau, 1759.djvu/127

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faire ſes affaires, pourroient écrire un très long Teſtament ſous la dictée de Criſpin, ſans s’appercevoir qu’on les trompe ? Enfin croiez vous que perſonne s’imagine qu’une pareille fourberie découverte, les acteurs en ſeroient quittes pour s’excuſer ſur la Léthargie de la duppe ? Mettez vous M. à la place de Géronte, ſuppoſez que vous aiez autant de bon ſens que lui & que vous ſoiez auſſi avare en même tems, Criſpin, Liſette, & vôtre neveu, bas Normand & vôtre niéce du Maîne, vous en impoſeroient ils ? Ratifieriez vous ſi bonnement que lui le Teſtament furtif ? L’abſurdité de ce denoüement ne doit il pas juſtifier la Piéce à vos yeux. Raſſurez vous dont M. je vous reponds qu’aucun Fauſſaire ne s’y prendra jamais auſſi maladroitement que le Légataire pour faire un faux acte : Criſpin & Liſette ſont des fourbes trop abſurdes pour ſervir jamais de modele ; tous trois enfin ſont trop mauvais profeſſeurs en friponnerie pour faire jamais des écoliers dangereux. Tout coquin qui n’aura pas d’autres maîtres n’échapera pas ſûrement à la corde dès ſes premieres tentatives.

Voilà, je crois, les reproches eſſentiels que vous faites à la Comédie aſſés bien combattus pour qu’il me ſoit permis de négliger tous les autres Paradoxes que vôtre prévention vous a dictés. Il m’a paru qu’en réfuter ſolidement trois ou quatre c’étoit les réfuter tous, puisqu’ils partent tous d’un même principe dont j’ai prouvé la fauſſeté, en détruiſant les con-