un homme auſſi reſpectable, auſſi eſſentiel à l’État qu’un brave Lieutenant Général, & je partagerai toujours mon hommage & mon reſpect à tous les deux ; je ſuis d’ailleurs bien ſûr que des hommes de cette trempe ne s’amuſent pas à mépriſer les Comédiens ; leur ame toute grande qu’elle eſt, eſt trop pleine d’idées ſublimes pour laiſſer place à un ſentiment auſſi petit & auſſi ridicule que le préjugé établi contre nous dans la petite imagination des ſots.
Sparte ne ſouffroit point de Spectacle. Ce n’eſt pas une raiſon pour en conclure que les ſpectacles ſoient mauvais.
Quelle quantité de bonnes choſes le Législateur de cette République féroce n’a-t-il pas rejettées ! Les ſpectacles étoient abſolument contraires à ſes vûes : il n’auroit prêché que l’humanité, & cette qualité du cœur eſt incompatible avec le metier de Soldat, que faiſoient tous les Spartiates. L’art de tirer bien droit, & de tuer quelqu’un avec grâce, voilà l’unique talent qu’on admira à Lacédémone, & le ſeul objet de l’étude de ſes citoiens ; Étude barbare que les ſanguinaires admirateurs de Licurgue n’ont que trop perfectionnée.
Un Légiſlateur plus philoſophe auroit montré aux hommes à s’aimer & non pas à ſe battre. Pen & Confucius, voilà deux ſages, ſi non en Religion du moins en morale. Jeſus Chriſt n’a jamais fait de Code militaire. L’Évangile ne prêche que la paix, la charité, le pardon des offenſes, & l’amour du prochain.