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L. H. DANCOURT
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cutoit cette matiere il y a quelques jours avec un de mes Amis, celui-ci déploroit la barbarie du point d’honneur & des Duels, il s’efforçoit de trouver des moiens à preſcrire à l’humanité pour obvier aux détours dont on ſe ſert pour éluder le Reglement de Louis XIV. L’Officier lui communiqua une idée, qui n’eſt peut-être pas ſans incovéniens, mais qui miſe en exécution retiendroit infailliblement mieux les faux braves que tout autre reglement qui ait paru jusqu’ici. L’abus, dit il, qu’il s’agit de détruire eſt barbare, & la juſtice devoit emploier ſelon moi quelque choſe du caractere de ceux qui s’y livrent. Vis-à-vis d’un ennemi barbare le droit de guerre autoriſe la barbarie par repreſailles : tout agreſſeur eſt donc l’ennemi vis-à-vis du quel la loi doit emploier ce droit ; mais comme la perte de l’agreſſeur ne juſtifieroit pas la bravouvre de l’offenſé, nôtre Légiſlateur voudroit que tout homme qui ſe croiroit offenſé s’adreſſât à un Tribunal compétent avant que de tirer ſatisfaction, & que l’offenſe prouvée, il obtint le droit de ce faire juſtice par un Duel : telle ſeroit la loi du Combat ; ſi l’agreſſeur tuoit l’offenſé il ſeroit pendu, ſi l’offenſé tuoit l’agreſſeur il ſeroit libre, eſtropié tous deux, une penſion de la part de l’agreſſeur à l’offenſé, l’agreſſeur blesſé ſeul, tant pis pour lui : tous deux ſeroient punis de mort pour s’être battus ſans l’aveu du Tribunal. Deffenſe ſous peine de la vie à tous particuliers non militaires ou prépoſés de