paration de ſes forces & le bien de ſa ſanté, un uſage moderé de ſa bouteille ; qui fuira la fureur du jeu, mais qui n’en fera pas moins ſa partie avec des amis de ſa trempé, ſans déſirer le gain & regretter la perte, qui ſera attentif à ſes intérêts, vigilant dans ſon commerce, œconome dans ſa dépenſe, mais qui loin d’être avare, emploiera le ſuperflu de ſa fortune à ſoulager les malheureux, à gagner le cœur de ſes mercénaires & de ſes domeſtiques par des libéralités encourageantes & bien placées : c’eſt un homme enfin pieux & charitable, ſans hypocriſie, qui ſe contente de donner à Dieu les momens qu’il éxige & le reſte du tems à ſes affaires.
Tel eſt l’homme qu’on doit mettre ſur la ſcene, vous l’y verrez tous les jours quand vous voudrez l’y voir, & cet homme à mon avis eſt plus eſtimable qu’un homme ſans passions.
Pour commencer à ſentir l’utilité des ſpectacles, ſuppoſez M. un Gouverneur homme d’eſprit qui perſuadé de la bonté de ce genre d’inſtruction conduit ſon éleve à la Comédie Françoiſe, on y repréſente le Joueur. Le jeune homme ne peut encore recueillir par lui même la morale dont cette pièce abonde, ſon Gouverneur la lui fait appercevoir. Voyez vous » M. dira-t-il, à quoi expoſe la malheureuſe paſſion du jeu, quel eſt l’état de ce Valére, à quelles basſeſſes tout Gentil homme qu’il eſt, ſa paſſion ne le reduit elle pas ? Il trahit lachement les bontés d’une Amante vertu-