Page:Dancourt - À Mr. J. J. Rousseau, 1759.djvu/52

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mes ſavantes eſt l’homme que vous dites à la groſſiereté près qui n’eſt bonne à rien, c’eſt un homme dont le rôle eſt ſi bien ſoutenu, qui dit des choſes ſi ſimples & ſi peu galante, ſi analogues à la ſituation dans laquelle il eſt, qu’il faut l’admirer malgré qu’on en ait. Pourquoi ſon rôle fait il tant de plaiſir ? C’eſt préciſement, que l’Auteur a employé tout ſon eſprit a n’en point donner à ſon perſonnage : hic labor hoc opus.

Moliére auroit pu comme nos Auteurs d’à préſent lui donner beaucoup de fineſſe lui faire lancer des madrigaux & des épigrames très aiguës contre la pédanterie des femmes ſavantes, mais il étoit trop grand maître pour cela, il a ſenti qu’il ne falloit oppoſer que du bon ſens à l’abus de la ſcience & de l’eſprit, il a donc fait parler un homme ſenſé, ſimple, ſans amour & ſans galanterie, enfin un homme tel que celui que vous croiez qu’on n’a pas encore oſé mettre ſur la ſcene, écoutez-le pour vous en convaincre.

C’eſt à vous que je parle, ma ſœur.
Le moindre ſoléciſme en parlant vours irrite ;
Mais vous en faites, vous, d’étranges en conduite.
Vos livres éternels ne me contentent pas,
Et , hors un gros Plutarque à mettre mes rabats,
Vous devriez brûler tout ce meuble inutile,
Et laiſſer la ſcience aux docteurs de la Ville ;
M’ôter pour faire bien, du grenier de céans
Cette longue Lunette à faire peur aux gens,