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L. H. DANCOURT
ARLEQUIN DE BERLIN
À Mr. J. J. ROUSSEAU
CITOYEN DE GENÈVE


DE grace, MONSIEUR, ne mourez pas, ou ſi vous êtes mort, faites moi le plaiſir de reſſuſciter. Avant de quitter le monde pour l’Éternité faites de moi un proſélite ou devenez le mien ; mais que la converſon de l’un ou de l’autre ſoit le fruit d’une diſcuſſion bien réflechie. Je réponds à vôtre ouvrage, beaucoup plus pour vous porter à m’éclairer, que dans le deſſein de profiter des avantages que la foibleſſe de vos argumens me donne dans la queſtion : peut-être en avez vous de plus convaincans à produire & que vous vous les êtes réſervés pour confondre un adverſaire, afin qu’on n’ait pas à vous reprocher d’avoir triomphé ſans combattre. Je ſuis Comédien, j’aime mon métier, je ſais plus, je l’eſtime, ſûr que j’ai pour moi la raiſon le goût & le public ; j’entre courageuſement en lice pour y parer vos bottes & ripoſter.

Je n’ai pu lire vôtre lettre à M. d’Alembert, ſans me croire obligé de la relire une ſeconde fois, & même une troiſiéme. La premiere lecture m’avoit ſéduit : le vernis