Page:Dante - L’Enfer, t. 1, trad. Rivarol, 1867.djvu/11

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Grangier. Les tournures de phrase y sont copiées avec tant de fidélité, et les mots calqués si littéralement, que cette traduction est un peu plus difficile à entendre que Dante même, et peut donner d’agréables tortures aux amateurs. Ceux qui ne lisaient ce poëte que dans la traduction étaient fâchés qu’on ne l’eût pas débarrassé de tout ce qui a perdu l’à-propos, de toutes les allusions aux histoires du temps, de toutes les notes ; mais ils ne songeaient pas que la brillante réputation de ce poëme ne permettrait point une telle réforme. Oserait-on donner l’Iliade et l’Énéide par extrait ? Ils ne songeaient pas non plus que le poëme de l’Enfer devant jeter un grand jour sur les événements du douzième et du treizième siècle, il ne fallait pas mutiler ce monument de l’histoire et de la littérature toscane. Il doit suffire aux amateurs que la physionomie de Dante et l’odeur de son siècle transpirent à chaque page de cette traduction. Il doit suffire aux gens de lettres que notre poésie française puisse s’accroître des richesses du poëte toscan ; il doit suffire aux uns et aux autres que, sans le trop écarter de son siècle, on l’ait assez rapproché du nô-