Aller au contenu

Page:Dante - L’Enfer, t. 1, trad. Rivarol, 1867.djvu/126

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Cependant, à côté de cette ombre, une autre élevait sa tête hors du même cercueil, et semblait y être à genoux [2]. Le fantôme regardait avec empressement autour de moi, comme si j’étais accompagné ; et me voyant seul, il me dit tout en pleurs :

— Si, pour honorer votre génie, le Ciel vous a permis de visiter ces tristes demeures, dites où est mon fils, et pourquoi n’est-il pas avec vous ?

— Le Ciel, répondis-je, ne m’a pas laissé pénétrer seul dans l’abîme : celui qui m’éclaire n’est pas loin d’ici, et sans doute que Guido, votre fils, ne lui fut pas assez dévoué…..

Je n’hésitai point à nommer son fils, car j’avais reconnu cette ombre à son discours et au genre de son supplice. Tout à coup, ce malheureux père se dresse devant moi et s’écrie :

— Qu’avez-vous dit ? Mon fils ne fut pas ! mon fils n’est donc plus ! mon fils ne jouit plus de la douce clarté des cieux !

Et comme je tardais à lui répondre, il tombe à la renverse et ne reparaît plus.

Mais la grande ombre de Farinat était toujours devant moi et me présentait son visage inaltérable. Bientôt, reprenant son premier entretien :

— J’avoue, me dit-il, que les miens n’ont pas su rentrer dans leur patrie, et ce sou-