CHANT XVI
Suite du troisième donjon, et des violents contre nature. — On a vu
dans le chant précédent les littérateurs : ce sont ici les militaires
atteints du même vice. — Chute de Phlégéton dans le huitième cercle.
Déjà se faisait entendre le murmure sourd et confus de l’onde qui s’engloutit au huitième cercle, semblable au bourdonnement lointain des abeilles [1] : et bientôt nous découvrîmes au loin une foule de malheureux que la pluie enflammée poursuivait âprement dans ces déserts.
En me voyant, trois d’entre eux accoururent et s’écrièrent ensemble :
— Ô toi dont l’habit nous rappelle une patrie coupable, daigne un moment nous attendre !
À leur cri, mon guide s’arrête :
— Attendons-les, me dit-il ; cet honneur leur est bien dû ; et je pense que, sans l’invincible obstacle de ces feux errants, tu volerais le premier à leur rencontre.
J’envisageais cependant ces trois infortunés : Ciel, quel aspect ! jamais le temps n’affaiblira le souvenir et la douloureuse image de leurs membres cicatrisés, ulcérés, dévorés par la flamme. Ils s’avancèrent en poussant l’é-