Page:Dante - L’Enfer, t. 1, trad. Rivarol, 1867.djvu/29

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et de la physique : et le triple théâtre de son poëme se trouve construit avec une intelligence et une économie admirables. D’abord la terre, creusée jusque dans son centre, offre dix grandes enceintes, qui sont toutes concentriques. Il n’est point de crime qui soit oublié dans la distribution des supplices que le poëte rencontre d’un cercle à l’autre : souvent une enceinte est partagée en différents donjons ; mais toujours avec une telle suite dans la gradation des crimes et des peines, que Montesquieu n’a pas trouvé d’autres divisions pour son Esprit des lois.

Il faut observer que, dans cette immense spirale, les cercles vont en diminuant de grandeur, et les peines en augmentant de rigueur, jusqu’à ce qu’on rencontre Lucifer garrotté au centre du globe, et servant de clef à la voûte de l’Enfer. Observons encore ici qu’une spirale et des cercles sont une de ces idées simples, avec lesquelles on obtient aisément une éternité : l’imagination n’y perd jamais de vue les coupables et s’y effraye davantage de l’uniformité de chaque supplice : un local varié et des théâtres différents auraient été une invention moins heureuse.

Dante et son guide sortent ensemble des ténèbres et des flammes de l’abîme par des routes fort étroites ; mais ils ont à peine