Page:Dante - L’Enfer, t. 2, trad. Rivarol, 1867.djvu/126

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N’est-il pas singulier, en effet, que le sage Virgile aille flatter Antée, au point de lui dire, qu’il n’a manqué que lui pour que les géants l’aient emporté sur les dieux ? On voit que pour mieux rendre une situation particulière, il contrarie l’ordonnance du tableau général. D’ailleurs on a quelque peine à souffrir ce perpétuel mélange des héros de la Fable et de la Bible, et que les géants soient punis dans un Enfer chrétien, pour s’être révoltés contre les dieux des Païens. Non vultus, non color unus.

[8] D’un bout de ce poëme à l’autre, on voit les morts sensibles aux propos qu’on tient d’eux sur la terre : la crainte du blâme et le désir de la bonne renommée se joignent encore à leurs autres tourments, et Dante se sert de ce double ressort pour exciter les ombres à répondre à toutes ses demandes. Ce n’est pas là le moindre artifice de ce poëme.

[9] La Garisende est une tour à Bologne, qui surplombe beaucoup et effraye ceux qui la voient pour la première fois, surtout quand un nuage passe sur elle ; car on voit alors combien elle s’écarte de la perpendiculaire.

Le poëte trouve à l’entrée de ce neuvième cercle un mélange de jour et de nuit, ce qui choque fort la vraisemblance ; car on ne conçoit pas d’où peut venir ce jour. (Voyez les deux notes 3 des chants IV et X.)