bard avec Ulysse et Diomède. (Voyez aussi la note 5 du premier chant.)
[7] Dante a très-bien décrit les effets de la gravitation, qui attire les corps sublunaires au centre du globe. Il est évident qu’en descendant on a les pieds les premiers, comme aussi la tête la première en montant : il faudrait donc qu’un homme fit la culbute, et mit sa tête où étaient ses pieds, quand il passerait le point central de la terre. Le poëte a fort bien vu aussi que notre planète est tout environnée de cieux, et que le soleil se lève sous nos pieds quand il se couche sur nos têtes. Mais comme de son temps l’Amérique n’était pas découverte, et que l’homme en voyageant trouvait toujours l’Océan pour borne éternelle, à l’orient et au couchant, au nord et au midi ; on avait conclu qu’il n’y avait de continent ou de terre habitable que l’Europe, l’Asie et l’Afrique, et que l’Océan occupait à lui seul tout le reste du globe. C’est ce qu’on peut voir dans le Songe de Scipion et dans la Cité de Dieu. Dante, regardant ces erreurs comme des choses démontrées, les met à profit dans ce dernier chant. Il raconte que Lucifer tomba du ciel sur la terre du côté de nos Antipodes. La terre, qui était alors mêlée de continents et de mers (quoiqu’elle ne fût pas encore habitée), eut peur en voyant tomber l’archange et ses légions ; elle se retira tout entière du côté où nous sommes, et opposa de l’autre l’Océan aux rebelles, comme un grand bouclier. Mais le Diable perça le profond Océan, et vint s’enfoncer la tête la première dans le noyau du globe. Ainsi la terre, forcée de le recevoir, dilata ses entrailles pour former les Enfers, et poussa deux excroissances : l’une au milieu de ce même Océan, qui est la montagne du Purgatoire ; l’autre au milieu de notre hémisphère : ce sont les hautes montagnes d’Asie sur lesquelles Jésus-Christ est mort ; car telles étaient les opinions du temps, qu’il fallait que le salut du monde se fût opéré précisément au milieu du monde. Il faut conclure de tout ceci que Lucifer était moitié dans l’Enfer, et moi-