Page:Dante - L’Enfer, t. 2, trad. Rivarol, 1867.djvu/56

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

CHANT XXIV


ARGUMENT


Descente à la septième vallée, où sont punis les voleurs et brigands qui ont usé de mensonge et de fourberies.


Vers le retour de l’année, jeune encore, où déjà le soleil plonge son front pâlissant dans l’urne pluvieuse [1] : quand le jour s’accroît des pertes de la nuit, et que les voiles transparents de la gelée imitent au matin la robe éclatante de la neige [2], le pâtre qui n’a plus de fourrages se lève et regarde autour de lui ; mais voyant partout blanchir la plaine, il se bat les flancs, et troublé par son malheur, il rentre sous ses toits, court, s’écrie et se désespère.

Il sort enfin, et renaît à l’espérance lorsqu’il voit qu’un temps si court a changé l’aspect des champs : déjà la houlette en main, il chasse devant lui son troupeau, qui bondit sur la verdure.

C’est ainsi que le trouble du poëte passa de son front sur le mien, et que par un aussi prompt retour, j’eus le remède après le mal ; car dès que nous fûmes devant les ruines du pont, le bon génie, me regardant de ce même coup d’œil dont il m’avait ranimé au pied de