Page:Dante - La Divine Comédie, 1829, trad. Deschamps.djvu/89

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
11
CHANT I.

Vois-tu là cette bête, ô mon illustre sage !
Ah ! prends pitié de moi, sauve-moi de sa rage,
Je tremble comme si j’étais près d’expirer ! »
Et lui me répondit en me voyant pleurer :
« Si tu veux te sauver de cette triste plage,
Il te faut par ici diriger ton voyage,
Car l’étrange animal vers qui j’étends la main
Ne laisse aucun vivant passer dans son chemin :
Sa nature est cruelle, et cruelle est sa vie,
Et sa voracité n’est jamais assouvie,
Car plus il boit et plus il veut boire de sang ;
Il s’accouple à plusieurs qui s’en iront croissant
Jusqu’au moment fatal, où, pour venger la terre,
Le lévrier[1] viendra le prendre à son repaire.

  1. Can grande della Scala, seigneur de Vérone, général des