Page:Dante - La Divine Comédie, trad. Lamennais, 1910.djvu/177

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de l’autre cercle [1] ; mais, des deux côtés, elle rase la haute roche.

Pendant que là nous nous acheminions, Beati pauperes spiritu [2] des voix chantèrent, de telle façon qu’aucune parole ne l’exprimerait.

Ah ! combien ces bouches sont différentes de celles de l’Enfer : ici parmi des chants l’on entre, là parmi d’atroces hurlements.

Déjà nous montions par les saints degrés, et il me semblait être beaucoup plus léger qu’auparavant je ne l’étais par un chemin uni. D’où moi : — Maître, dis, quel poids de dessus moi a été ôté, qu’en allant je n’éprouve presque aucune fatigue ?

Il répondit : « Quand les P dont il reste encore quelque trace sur ton visage auront été comme l’un d’eux, tout à fait effacés. Tes pieds au bon vouloir seront tellement soumis, que, non seulement ils ne sentiront point de fatigue, mais que ce leur sera un plaisir d’être poussés en haut. Lors je fis comme ceux qui vont ayant sur la tête une chose qu’ils ne savent pas, sinon qu’en soupçon les mettent les signes d’autrui ; ce pourquoi pour s’assurer ils s’aident de la main, qui cherche, et trouve, et remplit l’office que ne peut accomplir la vue. Et, avec les doigts de la main droite ouverte, je trouvai seulement six des lettres que sur mes tempes celui qui tient les clefs avait gravées : ce que regardant, mon Guide sourit.


CHANT TREIZIÈME


Nous étions au sommet de l’escalier, où se divise une seconde fois le mont [3] qui guérit du mal ceux qui montent.

  1. La rampe raide qui descend du cercle plus élevé, et que, par conséquent, il faut suivre pour y monter, est taillée en forme d’escalier dans le roc qui l’enferme et la borne des deux côtés.
  2. Bienheureux les pauvres en esprit ! Paroles de Jésus-Christ dans l’Évangile.
  3. Seconde division ou second cercle du Purgatoire.