Page:Dante - La Divine Comédie, trad. Lamennais, 1910.djvu/301

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avec Béatrice j’étais si glorieusement accueilli dans le ciel.

Lorsque chacun fut revenu au point du Cercle où auparavant il était fixé comme un cierge dans un chandelier, j’entendis, au dedans de cette lumière qui, premièrement, m’avait parlé, et qui devint plus vive, commencer en souriant : « Comme de son rayon je m’allume, ainsi, dans l’éternelle lumière regardant tes pensers, j’en découvre la cause. Tu doutes, et désires qu’avec plus d’étendue, en un langage clair, proportionné à ton entendement, j’explique ce qu’auparavant j’ai dit : Ou bien l’on s’engraisse [1] et encore : Point ne surgit un second [2] ; et ici besoin est de bien distinguer. La Providence qui gouverne le monde suivant un conseil tel que toute Vue créée défaille avant de pénétrer au fond, afin que l’épouse de celui qui, jetant un grand cri [3], l’épousa avec son sang béni [4], vers son bien-aimé s’en allât, assurée en soi, et aussi à lui fidèle, préordonna en sa faveur deux princes, qui d’ici et de là [5] fussent ses guides. L’un en ardeur fut tout séraphique, l’autre par la sagesse fut, en terre, une splendeur de la lumière des Chérubins. D’un seul je parlerai, parce qu’en louant l’un, n’importe lequel, on les loue tous deux, leurs œuvres ayant eu une même fin. Entre le Turpino [6] et l’eau qui descend de la colline choisie par le bienheureux Ubaldo [7], une côte fertile pend du haut mont par lequel Pérouse sent le froid et le chaud du côté de Porta-Sole [8], et derrière elle pleurent Nocera et Gualdo, à cause du joug pesant [9]. De cette côte, là où moins rapide

  1. Chant X.
  2. Ibid.
  3. Clamans voce magnâ. — Matth. 27.
  4. Acquisivit Ecclesiam sanguine suo. — Act. 20.
  5. Dans deux voies diverses, celle de la science et celle de l’amour.
  6. Petit fleuve, près d’Assise.
  7. Le Chiassi, qui sort d’une colline où saint Ubaldo se bâtit un ermitage, dans le territoire d’Agobbio.
  8. Porte de Pérouse, du côté de laquelle cette ville, en hiver reçoit le froid des monts couverts de neige, et en été la chaleur réverbérée par ces mêmes monts.
  9. A cause de la domination tyrannique des Pérugins, ou, selon d’autres, à cause de leur sol froid et stérile.