« La race outrecuidante [1], qui se fait dragon à qui fuit, et, envers qui montre ou la dent ou la bourse, s’apaise comme un agneau, s’élevait déjà, mais de petite gent, de sorte que point ne plut à Ubertino Donato que son beau-père le fît leur parent [2]. Déjà, dans le marché, Caponsacco était descendu de Fiésole, et déjà distingués parmi les citoyens étaient Guida [3] et Infangato. Je dirai une chose incroyable et vraie : dans la petite enceinte on entrait par une porte qui tirait son nom de ceux de la Pera [4]. Tous ceux qui portent dans leur écusson la belle enseigne du grand Baron, dont la fête de Thomas renouvelle le nom et les louanges, tinrent de lui la chevalerie et le privilège, bien qu’au peuple se soit réuni celui qui l’entoure d’une bande [5]. Déjà existaient les Gualterotti et les Importuni, et serait encore le Borgo [6] plus tranquille, si ne fussent survenus de nouveaux voisins [7]. La maison d’où naquirent vos pleurs, par la juste colère qui tant de vous a conduits à la mort, et a mis fin à votre vivre joyeux, était honorée, elle et son parentage [8]. O Buondelmonte, qu’à mal tu as fui ses
- ↑ Les Carriciuli et les Adimari.
- ↑ Messer Bellincione, qui avait marié une de ses filles à Ubertino Donati, maria ensuite l’autre à l’un des Adimari, lequel devint ainsi le beau-frère de Donati, que cette alliance irrita beaucoup.
- ↑ Guida Guidi.
- ↑ La Porta Peruzza. Telle était la simplicité de ces premiers temps, qu’une des portes de la ville portait le nom d’une famille privée.
- ↑ Le Poète indique ici les familles Pulci, Nerli, Gangalandi, Giandonati et della Bella, qui écartelaient leurs armoiries de celles du baron impérial Ugo, mort, en Toscane, vicaire de l’empereur Otton III, et dont le nom et la gloire étaient rappelés, le jour de saint Thomas, par un anniversaire solennel. Dante ajoute que toutes ces familles reçurent d’Ugo les honneurs de la chevalerie et le privilège de noblesse ; bien que, au temps du Poète, Gianno della Bella, dont l’écusson était entouré d’une bande d’or, se fût détaché des nobles pour s’unir au peuple.
- ↑ Le Borgo sant’ Apostolo.
- ↑ Les Buondelmonti.
- ↑ La famille des Amideï, maintenant déchue et bannie, était alors en honneur. Buondelmonte de’ Buondelmonti, engagé par sa parole à épouser une jeune fille de cette maison, y ayant manqué pour se marier à une Donati, fut tué en trahison par les Amideï, ce qui engendra dans Florence les sanglantes divisions des Guelfes et des Gibelins.