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INTRODUCTION.

sans obstacle des pensées qui se modifient les unes les autres, naît une pensée commune, une volonté commune, dominant, dès qu’elle s’est formée, toutes les pensées, toutes les volontés particulières ; de sorte que, sans moyens de contrainte, sans juridiction politique ni civile, la raison libre, impersonnelle, incorporelle, constitue le Pouvoir spirituel dans lequel réside la suprême puissance de gouvernement ; — car gouverner, c’est réaliser au dehors une volonté correspondante à une pensée qui la détermine.

Et comme le faux s’évanouit d’autant plus promptement qu’il est soumis à un examen et plus général et plus libre, comme l’injuste n’est jamais qu’un intérêt particulier opposé à l’intérêt de tous, ce que tous pensent est toujours relativement ce qu’il y a de plus vrai ; ce que tous veulent, ce qu’il y a de plus juste.

Élargissez le cercle : représentez-vous les peuples divers coordonnés dans le genre humain, comme les individus dans chaque peuple, y soutenant les mêmes rapports, y remplissant les mêmes fonctions, l’humanité vous apparaîtra sous la forme que lui assignent ses lois naturelles, comme un seul être animé d’une seule vie dans son unité complexe, se développant selon tout ce qui est, selon sa double nature spirituelle et corporelle, et par un progrès continu, éternel, s’approchant toujours plus de Dieu, de l’Être