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INTRODUCTION.

nous ne distinguons, nous ne découvrons rien à travers les ténèbres de la tombe.

Appuyée sur l’instinct, la raison en confirme l’enseignement ; elle établit une relation conçue par l’esprit entre la foi naturelle et ce que nous savons, ce que nous sentons de nous-mêmes. En nous sont des puissances diverses, susceptibles d’un développement indéfini. Quel que soit le développement actuel de notre intelligence, de notre amour, de notre vertu active, chacune de ces puissances peut se développer davantage ; nous pouvons toujours plus connaître, aimer, vouloir efficacement, par une évolution à laquelle on ne saurait assigner aucun terme. Donc, ou nous avons en nous des énergies stériles, des causes qui jamais ne produiront leur effet, d’où résulterait dans notre nature une contradiction radicale, ou notre nature implique, sous des conditions ultérieures ignorées de nous, un développement indéfini, une évolution sans terme assignable.

Mais l’homme, esprit et corps, a des lois physiques et des lois morales ; en violant ces lois, il porte en soi le désordre ; le désordre moral engendre le désordre physique, la maladie, et conséquemment la souffrance : nul péché, donc, qui ne traîne nécessairement après soi sa peine, et, dès lors, l’état immédiat de l’homme après la mort étant le même que celui où la mort l’a trouvé, le sentiment de cet état est sa punition ou sa