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INTRODUCTION.

pour Dante. Mais l’âme du poëte ne doit pas rendre seulement un son ; elle doit vibrer au souffle des passions les plus opposées, des sentiments les plus divers, et dans sa divine harmonie, reproduire l’harmonie si variée de la nature et du cœur de l’homme. Par ce côté encore, Dante, autant qu’Homère, peut être nommé le poëte souverain. Tout le frappe, tout l’émeut, et, des plus petits aux plus grands objets, il se transforme pour tout peindre avec une égale vérité, une égale perfection. À l’étroit dans la nature même, il crée, il fait d’une vision fantastique quelque chose de réel et de vivant, entraînant la croyance à la suite de sa puissante imagination. Et dans ces poétiques créations, quelle originalité, quelle force d’invention propre, alors même que l’idée première, suggérée d’ailleurs, semble devoir le rendre imitateur ! Au treizième chant, il emprunte à Virgile celle d’arbustes animés par les ombres humaines : voilà tout ce qu’ils ont de commun. Le reste appartient uniquement à Dante. Il est arrivé à la seconde enceinte du septième cercle, où sont punis les suicides :

« Nous entrâmes dans un bois où nul sentier n’était tracé,

« Point de feuillage vert, mais de couleur sombre ; point de rameaux unis, mais noueux et tordus ; point de fruits, mais sur des épines des poisons.

« N’ont point de huiliers si épais et si âpres ces