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INTRODUCTION.

les hommes punissent afin que leur punition leur soit utile, sont les malheureux qui ont commis des péchés guérissables : la douleur et les tourments leur procurent un bien réel, car on ne peut être autrement délivré de l’injustice. Mais pour ceux qui, ayant atteint les limites du mal, sont tout à fait incurables, ils servent d’exemples aux autres, sans qu’il leur en revienne aucune utilité, parce qu’ils ne sont pas susceptibles d’être guéris ; ils souffriront éternellement des supplices épouvantables… C’est pourquoi, méprisant les vains honneurs et ne regardant que la vérité, je m’efforce de vivre et de mourir en homme de bien ; et je vous y exhorte, ainsi que tous les autres, autant que je puis. Je vous rappelle à la vertu, je vous anime à ce saint combat, le plus grand, croyez-moi, que nous ayons à soutenir sur la terre. Combattez donc sans relâche, car vous ne pouvez plus vous être à vous-même d’aucun secours, lorsque, présent devant le Juge, vous attendez votre sentence tout tremblant et saisi de terreur[1]. Cette sentence rendue, le Juge ordonne aux justes de passer à la droite et de monter aux cieux ; il commande aux méchants de passer à la gauche et de descendre aux enfers[2]. »

  1. Platon Gorgias. Oper., tom. IV, p. 166 et seq. edit. Bipont.
  2. De Republ. lib. X, Ibid., tom. VII, p. 323.