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INTRODUCTION.

Suivant Pythagore[1], les âmes de ceux qui, s’étant plongés dans les voluptés du corps et s’en étant rendus esclaves, ont violé le droit divin et humain, sont roulées autour de la terre, et ne reviennent au ciel qu’après avoir été ainsi emportées durant beaucoup de siècles. Virgile décrit, d’après la même doctrine, les peines que subissent ces âmes malades, jusqu’à ce qu’elles soient purifiées de leurs souillures[2]. Chez tous les peuples on retrouve des croyances analogues. Elles sont comme la voix de la conscience universelle,

  1. Cicer. Somn. Scip., ch. ix, p. 22.

  2. Quin et, supreme quum lumine vita reliquit,
    Non tamen omne malum miseris nec funditùs omnes
    Corporeæ excedunt pestes ; penitùsque necesse est
    Multa diù concreta modis inolescere miris,
    Ergo exercentur pœnis, veterumque malorum
    Supplicia expendunt : aliæ panduntur inanes
    Suspensæ ad ventos : aliis sub gurgite vasto
    Infection eluitur scelus, aut exuritur igni :
    Quisque suos patimur manes. Exindè per amplum
    Mittimur Elysium, et pauci læta arva tenemus :
    Donec longa dies, perfecto temporis orbe
    Concretam exemit labem, purumque reliquit
    Æthereum sensum, atque auraï simplicis ignem.
    Has omnes, ubi mille rotam volvêre per annos,
    Lethæum ad fluvium deus evocat agmine magno,
    Scilicet immemores supera ut convexa revisant,
    Rursùs et incipiant in corpora velle reverti.

    Æneid. lib. VI.

    Il est curieux de comparer à cette description, ce que le même sujet a inspiré à un autre grand poète, Shakspeare. On trouvera peut-être qu’on peut hésiter, du moins quant à la force de l’impression produite, entre la