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INTRODUCTION.

le catéchisme dont le tzar ordonne l’enseignement, il s’offre lui-même au culte de ses sujets, et, non content d’être à la fois leur pape et leur souverain, se fait encore leur dieu. Cette conséquence est si naturelle que, dans les discussions qui eurent lieu à Bologne entre quatre professeurs de jurisprudence de l’Université, au sujet de savoir si l’empereur était le Seigneur de toute la terre[1], au même sens que le Roi des Rois et le Seigneur des Seigneurs[2] de l’Apocalypse, deux d’entre eux, principalement Martin Goria, soutinrent l’affirmative avec tant de chaleur qu’ils faisaient, dit Ciampi[3], un dieu de l’empereur ; « sentiment qui eut, ajoute-t-il, un grand nombre de sectateurs, même dans les siècles suivants. »

Tous les anciens despotes se faisaient adorer.

L’empereur de la Chine, fils du Tien et son représentant sur la terre, y exerce, suivant la croyance des peuples, son pouvoir souverain de telle sorte qu’il est responsable de l’ordre des saisons, de la pluie et de la sécheresse, des bonnes et des mauvaises récoltes, etc.

Même principe et mêmes conséquences chez les nègres d’Angola. « Les rois de Loango sont, dit Battel, respectés comme des dieux. Ils prennent le titre de Jamba et de Pango, qui signifie dans la langue du

  1. Orbis terrae Dominus.
  2. Rex regum, et Dominus dominantium. Apoc. XIX, 16.
  3. Diacorso premesso atte Rime di Messer Cino. Pisa, 1813.