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LE PURGATOIRE.

7. De ses rives j’apporte ce corps ; vous dire qui je suis serait parler en vain, mon nom encore ayant peu retenti.

8. « Si mon intelligence saisit bien ta pensée, me répondit alors le premier, tu parles de l’Arno. »

9. Et l’autre lui dit « Pourquoi a-t-il caché le nom de cette rivière, comme on le fait des choses horribles ? »

10. Et celui à qui cette demande était faite, ainsi s’acquitta : « Je ne sais ; mais bien est-il juste que périsse le nom de ce fleuve,

11. « Qui, de sa source (où le mont alpestre dont le Pelore [5] est un tronçon, d’eaux abonde tellement, que peu de lieux en cela le surpassent),

12. « Jusque-là où il se rend, pour renouveler ce que le ciel évapore de la mer, d’où les fleuves tirent ce qui avec eux va [6].

13. « Ne rencontre que gens, qui tous, tenant la vertu pour ennemie, la fuient comme une couleuvre, par le malheur [7] du lieu, ou par la mauvaise habitude qui les aiguillonne.

14. « D’où, tant ont changé de nature les habitants de la misérable vallée, qu’il semble que Circé les ait eus dans ses pâturages [8].

15. « Parmi de sales pourceaux [9], plus dignes de glands que d’une autre nourriture à l’usage de l’homme, il dirige d’abord son maigre cours ;