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CHANT DIX-SEPTIÈME.

33. Tandis que vers les premiers biens [9] il est dirigé, et que, dans les seconds [10], il se mesure bien lui-même, il ne peut être la cause d’un mauvais plaisir.

34. Mais, quand il se tord vers le mal, ou qu’avec plus, ou avec moins d’ardeur qu’il ne doit, il court dans le bien, contre son Créateur agit la créature.

35. De là tu peux comprendre que l’amour en vous doit être la semence et de toute vertu, et de toute opération qui mérite une peine.

36. Or, l’amour ne pouvant détourner la vue du bien de son sujet, tout être est à l’abri de sa propre haine :

37. Et parce que nul être ne peut être conçu subsistant de soi, et séparé du premier être, celui-ci jamais ne saurait être haï.

38. Donc, si mes divisions sont exactes, le mal qu’on aime est le mal du prochain, et cet amour, sur votre limon, nait de trois manières.

39. Tel, en opprimant son prochain, espère l’excellence, et pour cela seul il souhaite que de sa grandeur il soit jeté bas ;

40. Tel craint de perdre pouvoir, faveur, honneurs, renommée, si un autre s’élève ; et d’autant plus il s’en attriste, qu’il aime plus le contraire.