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CHANT VINGT-SEPTIÈME.

32. À l’heure, je crois, où, sur le mont, commença à luire Cythérée, qui du feu d’amour toujours paraît ardente,

33. Il me semblait en songe voir une Dame jeune et belle se promener dans une prairie, cueillant des fleurs ; et chantant, elle disait :

34. « Sache quiconque demande mon nom, que je suis Lia, et je vais mouvant à l’entour mes belles mains pour me faire une guirlande.

35. « Pour me plaire au miroir, ici je me pare ; ma sœur Rachel, du miroir, elle, jamais ne s’éloigne, et tout le jour elle est assise.

36. « À voir ses beaux yeux elle se complaît, comme moi à m’orner avec les mains : le voir est sa joie, et l’agir, la mienne. »

37. Déjà, devant les lueurs de l’aube, d’autant plus douces aux voyageurs que moins loin ils sont de la patrie où ils reviennent,

38. Fuyaient de tous côtés les ténèbres, et avec elles mon sommeil : par quoi je me levai, voyant les grands Maîtres déjà debout.

39. — Ce doux fruit que sur tant de rameaux va cherchant le souci des mortels, aujourd’hui apaisera ta faim.

40. Ces paroles m’adressa Virgile, et jamais don ne fit un plaisir égal.