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L’ENFER

où se terminait la vallée qui m’avait fait ressentir un effroi si cruel, que je levai les yeux et que je vis le sommet de cette colline revêtu des rayons de l’astre qui est un guide sûr dans tous les voyages. Alors s’affaiblit la crainte qui m’avait glacé le cœur pendant la nuit où j’étais si digne de pitié. Tel que celui qui, sorti des profondeurs de la mer, se tourne, suffoqué d’effroi, vers cet élément périlleux, osant le contempler, mon esprit, qui n’était pas encore assez rassuré, se tournait vers le lieu que je venais de franchir, lieu terrible qui voue à l’infamie ceux qui ne craignent pas de s’y arrêter. Reposé de ma fatigue, je continuai de gravir la montagne déserte, de manière que le pied droit était le plus bas. Et voilà que, tout à coup,


… Tout à coup, une panthère m’apparaît… (P. 4.)


une panthère agile et tachetée de diverses couleurs apparaît devant mes yeux, et s’oppose avec tant d’obstination à mon passage, que plusieurs fois je me retournai pour prendre la fuite.

Le jour avait commencé à renaître, le soleil s’élevait entouré des mêmes étoiles qui l’accompagnaient au moment où l’amour divin créa cet œuvre sublime. Le charme de la saison, la fraîcheur du matin m’avaient bien fait espérer la peau brillante de la panthère. Cependant une nouvelle frayeur me saisit à l’apparition d’un lion horrible : il semblait courir sur moi, à travers l’air épouvanté, portant la tête haute, et paraissant pressé d’une faim dévorante. En même temps une louve avide, d’une maigreur repoussante, et souillée encore des traces de ses fureurs, en fixant sur moi ses yeux qui lançaient la terreur, me fit perdre l’espoir de franchir la colline.

Semblable à celui que la soif de l’argent tourmente, et qui, s’il vient à