Page:Dante - La Divine Comédie (trad. Artaud de Montor).djvu/267

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nous pouvions, quand je sentis trembler la montagne comme si quelque masse se fut écroulée. Je fus glacé de terreur, ainsi que l’homme que l’on conduit à la mort. Certes, Délos n’était pas agitée de tremblements aussi épouvantables avant que Latone y eût préparé sa couche pour enfanter les deux yeux du ciel. Alors on entendit un cri tel que mon maître se tourna vers moi, en disant : « Ne crains rien tant que je suis ton guide. » Tous chantaient : « Gloire à Dieu dans le ciel, » autant que je pus le distinguer à la voix de ceux qui chantaient le plus près de moi.

Nous restâmes immobiles et en suspens comme les bergers la première fois qu’ils entendirent cet hymne, et bientôt le tremblement cessa de nous effrayer par ses oscillations.

Nous continuâmes notre voyage sacré, en regardant les ombres qui étaient étendues à terre, retournées sur le dos pour pleurer suivant l’ordre du ciel.

Si ma mémoire ne m’abuse pas, jamais je ne désirai si vivement de connaître la cause ignorée d’un événement. Je n’osais pas interroger mon guide qui marchait plus vite, et par moi-même je ne pouvais rien comprendre ; aussi continuai-je d’avancer, timide et pensif.