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Page:Dante - La Divine Comédie (trad. Artaud de Montor).djvu/303

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elle donne le souvenir de chaque bienfait ; d’un côté elle s’appelle Léthé, et de l’autre Eunoë. Ces fleuves ne produisent leur effet que quand on a bu de tous les deux. Leurs eaux ont une saveur qui surpasse celle des autres, et quoique tu doives être assez satisfait pour que je ne t’entretienne pas davantage, je t’accorderai, par une grâce particulière, un corollaire ; et je ne pense pas que mes paroles te soient moins précieuses, parce que je t’aurai parlé plus que je ne t’ai promis.

« Les poètes qui ont décrit autrefois l’âge d’or et son état heureux, ont peut-être placé ce lieu sur le Parnasse. Mais c’est ici que les premiers hommes vécurent dans l’innocence ; ici ils trouvaient un printemps continuel et les fruits les plus exquis. Cette eau enfin est le nectar tant célébré. »

Alors je me tournai vers mes poètes chéris, et je vis qu’ils avaient souri à ces dernières explications ; ensuite je fixai mes yeux sur la femme belle.