Page:Dante - La Divine Comédie (trad. Artaud de Montor).djvu/313

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la véritable route ; mais quand je fus sur le seuil de mon second âge, et que je changeai de vie, le parjure me quitta et se livra à d’autres.

« Lorsque j’eus déposé ma dépouille mortelle pour devenir plus belle et plus puissante, je lui parus moins chère et moins agréable : il tourna ses pas vers le faux chemin, en suivant les trompeuses images du bien qui ne tient aucune promesse. En vain j’obtins de Dieu pour lui de saintes inspirations par lesquelles je le rappelai pendant ses songes et pendant ses veilles, il en tint peu de compte ; il tomba si bas, que, pour assurer son salut, tous les efforts étaient vains, si je ne lui faisais connaître les races condamnées ; aussi je visitai la porte de leur empire, et mes prières et mes pleurs furent portés à celui qui l’a conduit ici. Ce coupable enfin violerait les hauts décrets de Dieu, s’il passait le Léthé et s’il goûtait de ces mets avant d’avoir, en expiation de ses fautes, versé quelques larmes de repentir. »