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Page:Dante - La Divine Comédie (trad. Artaud de Montor).djvu/435

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Christ couvre de fleurs ? C’est là qu’est la rose dans laquelle le Verbe divin se fit homme. Là sont les lis qui par leur odeur suave indiquent le bon chemin. »

Mon guide cessa de parler, et moi qui étais toujours prêt à suivre ses conseils, je ramenai mes regards au combat de mes débiles paupières. De même que mes yeux couverts d’ombre ont vu une prairie émaillée de fleurs éclairée par un rayon du soleil qui traverse la nue, de même je vis une foule de lueurs qui empruntaient leur éclat d’une lumière plus vive que je ne pouvais apercevoir.

Ô vertu bienfaisante, qui entoures ainsi ces esprits de ta lumière, tu t’étais élevée plus haut, afin que mes yeux, qui n’étaient pas puissants, jouissent de ce spectacle ! Pour retrouver la belle fleur que j’invoque matin et soir, je m’attachai à distinguer l’éclat le plus resplendissant.

Quand ils se furent fixés sur la beauté de cette étoile, qui là-haut est la plus éblouissante, de même qu’ici-bas elle a tout surpassé en splendeur, il descendit du ciel une lueur formée en cercle, qui environna cette étoile comme une couronne, et tourna autour d’elle.

La mélodie la plus douce et la plus attendrissante qu’on entende sur la terre, comparée au son de la lyre dont se couronnait ce brillant saphir, ornant le ciel le plus pur, ressemblerait au fracas de la nuée qui se déchire et tonne ; cette lueur prononça ces paroles : « Je suis l’amour angélique, je tourne autour de la joie divine qui a porté dans son sein l’objet de nos désirs, et je continuerai de tourner ainsi, ô souveraine du Ciel, tant que tu suivras ton fils, et que tu embelliras la sphère suprême que tu habites. »

Ainsi parla cette sainte substance ; alors toutes les autres lueurs firent entendre le nom de Marie.

Le bord intérieur du royal manteau de toutes les sphères du Monde, qui s’échauffe et se vivifie davantage, parce qu’il est plus voisin du souffle de Dieu, était encore si éloigné de moi, que je ne pouvais le distinguer : mes yeux n’eurent donc pas la faculté de suivre la flamme couronnée qui s’éleva vers son fils.

Comme l’enfant, qui, par l’effet de cet amour forcé d’éclater au dehors, tend ses bras à sa mère dont il vient de recevoir le sein, les Candeurs suivant dans leur désir l’objet qui les émeut, me manifestèrent leur haute tendresse pour Marie.