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Page:Dante - La Divine Comédie (trad. Artaud de Montor).djvu/457

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« Si tu examines bien l’efficacité de ces substances, qui te semblent disposées en rond, et non leur apparence, tu verras que chacune correspond plus ou moins à chacun des cieux avec lequel elle a des rapports. »

De même que l’air devient plus pur et plus serein quand Borée, par son souffle le plus doux, dissipe les vapeurs qui troublaient l’atmosphère, et fait disparaître le ciel entouré de tout son cortège, de même, à cette réponse claire de Béatrix, je vis la vérité, comme on distingue une étoile dans le ciel.

À peine cette femme bienheureuse eut-elle fini de parler, que ces cercles jetèrent des étincelles, ainsi qu’on en voit sortir du fer bouillant, battu à un grand feu. Chaque étincelle, dans son embrasement, se multipliait en autres étincelles ; leur nombre surpassait celui que donneraient les cases d’un échiquier, si on les comptait, en doublant toujours à chaque case.

J’entendis les chœurs chanter Hosanna autour de ce point immobile qui les a confirmés, et les confirme dans cette grâce qu’ils n’ont jamais perdue.

Et Celle-ci, qui voyait en moi de nouveaux doutes, m’adressa la parole et me dit : « Les premiers cercles t’ont présenté les séraphins et les chérubins. Ils suivent avec vélocité leur attraction, pour ressembler au point suprême, autant qu’ils peuvent, et leur sublimité est proportionnée à leur entendement. Les autres amours qui suivent sont appelés trônes du regard divin ; ils terminent le premier ternaire.

Tu dois savoir quelle joie ils trouvent dans la vue de la vérité, qui est le principe de toute intelligence ; aussi tu comprends que la béatitude consiste plus à jouir de la vue de Dieu qu’à se livrer au sentiment d’amour qu’il inspire, sentiment qui n’est qu’un effet secondaire de la présence de Dieu. Ce sont les mérites qui procurent cette vue si douce, et c’est la grâce divine et sa volonté bienfaisante qui donnent ces mérites : c’est ainsi que tout est distribué de degré en degré. L’autre ternaire qui germe dans ce printemps sans fin, où il ne redoute pas les nuits sombres pendant lesquelles se lève le Bélier, chante perpétuellement Hosanna, en formant trois mélodies qui partent des trois chœurs de joie dont il est composé. Dans cette hiérarchie, sont les hautes déesses, d’abord les dominations, puis les vertus, ensuite les puissances. Dans les deux premiers chœurs de la troisième hiérarchie, se meuvent les principautés et les archanges : le dernier est consacré aux jeux des anges. Ces ordres reçoivent leur lumière de Dieu, et rendent successivement aux intelligences inférieures l’influence