Page:Dante Alighieri - La Vie nouvelle, traduction Durand Fardel.djvu/134

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Dieu, et, dans l’étincelante fulguration de la Rose mystique[1].

Mais son cœur était resté sur la terre : séparé à jamais de sa Béatrice que le ciel avait réclamée, séparé de toutes ses affections familiales que sa patrie lui refusait, il n’a pu sans doute le tenir définitivement fermé aux séductions qu’il devait rencontrer sur sa route, et à ce besoin d’aimer que laissent transparaître ses haines les plus vivaces et ses plus ardentes indignations.

Que savons-nous donc ? Je ne veux faire aucune allusion aux anecdotes, aux racontars que l’on a multipliés, non plus qu’aux déductions hasardées ou purement imaginaires que l’on a tirées de simples mots rencontrés dans son œuvre, ou de récits douteux. On a même énuméré les maîtresses de Dante. Sans doute, on n’y a pas trouvé les mille e tre de don Juan. Mais il y en a plus que le respect dû à la mémoire d’un grand homme ne permettait d’exhumer de rapports suspects ou de sources infimes et de venir ensuite offrir à l’histoire.

Y eût-il en effet dans la sienne quelques pages regrettables, ne devrions-nous pas jeter sur elles un voile pieux ? Car c’est à lui seul qu’il faut demander

  1. C’est l’année même de sa mort qu’il écrivait dans son cantique du Paradis les derniers chants de la Divine Comédie. Il a donné le nom de Rose mystique à l’extraordinaire figuration qu’il a tentée de l’Assemblée des Bienheureux dans l’Empyrée.