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bien « qu’il se fût de bonne heure exercé à rimer », c’est à son amour pour Béatrice, morte en 1290, qu’il rapporte lui-même le développement de ses instincts poétiques.

On paraît assez incertain au sujet de la part qu’a pu prendre à son éducation Brunetto Latini, dont il parle dans la Comédie avec des expressions d’une reconnaissance attendrie[1].

Brunetto Latini était né à Florence en 1210 ; il y est mort en 1284. Il était en 1263 à Paris, et il a fait un long séjour en France. Il ne rentra à Florence qu’en 1266, avec les autres exilés Guelfes. Ce n’est donc qu’après l’âge de dix-neuf ans que Dante a pu s’entretenir avec lui, car il ne s’est agi peut-être que d’un commerce plutôt intellectuel et affectueux que d’un enseignement proprement dit.

On ne peut pas prendre à la lettre les témoignages excessifs que nous trouvons dans la Vita nuova de la passion de Dante pour Béatrice. Il ne faudrait pas nous le représenter, comme on pourrait être tenté de le faire, passant son temps à courir les rues à la recherche de cette beauté dont son cœur ne pouvait se détacher. Ce serait, dit M. Del Lungo, en faire un Dante ridicule[2].

S’il a pu concevoir dès son enfance une passion

  1. La Divine Comédie, ch. XV de l’Enfer.
  2. Del Lungo, Beatrice nella vita e nella poesia.