Page:Dante Alighieri - La Vie nouvelle, traduction Durand Fardel.djvu/77

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dit à son tour : « Si tu disais vrai, ce que tu nous as dit en parlant de ton état, tu l’aurais dit dans un autre sens[1]. »

Et je les quittai en réfléchissant à ces paroles, presque honteux de moi-même, et je me disais en marchant : si je trouve une telle béatitude dans les mots qui expriment la louange de ma Dame, comment ai-je pu parler d’elle différemment ? Alors je résolus de prendre toujours désormais sa louange pour sujet de mes paroles. Et comme je pensais beaucoup à cela, il me sembla que j’avais entrepris quelque chose de trop élevé relativement à moi-même, de sorte que je n’osais plus m’y mettre ; et je demeurai ainsi plusieurs jours avec le désir de parler et la peur de commencer.


CHAPITRE XIX


Puis il arriva que, passant par un chemin le long duquel courait un ruisseau aux eaux très

  1. Commentaire du ch. XVIII.