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Page:Dante Alighieri - La Vie nouvelle, traduction Durand Fardel.djvu/93

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Qu’ils ne pouvaient plus s’arrêter sur rien.
Et alors mon imagination,
Incapable de distinguer l’erreur de la vérité,
Me fit voir des femmes désolées
Qui me disaient : « Tu mourras, tu mourras. »
Puis je vis des choses terribles.
Dans la fantaisie où j’entrais
Je ne savais pas où je me trouvais,
Et il me semblait voir des femmes échevelées
Qui pleuraient, et qui lançaient leurs lamentations
Comme des flèches de feu.
Puis je vis le soleil s’obscurcir peu à peu,
Et les étoiles apparaître,
Et elles pleuraient ainsi que le soleil.
Je voyais les oiseaux qui volaient dans l’air tomber
Et je sentais la terre trembler.
Alors m’apparut un homme pâle et défait
Qui me dit : « Qu’est-ce que tu fais là ? Tu ne sais pas la nouvelle ?
Ta Dame est morte, elle qui était si belle. »
Je levais mes yeux baignés de pleurs
Quand je vis (comme une pluie de manne)
Des anges se dirigeant vers le ciel,
Précédés d’un petit nuage
Derrière lequel ils criaient tous : hosanna !
S’ils avaient crié autre chose, je vous le dirais bien.
Alors l’Amour me dit : je ne te le cache plus,
Viens voir notre Dame qui est gisante.
Mon imagination, dans mon erreur,
Me mena voir ma Dame morte ;
Et quand je l’aperçus