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LE NOËL DE CAROLINE

Puis, le voyant tout déconfit, elle le plaignait un peu et ajoutait, pour le faire sourire :

— Fais pas c’te mine longue, allons. J’t’aime mieux que tous les autres, mais j’ai pas dans l’idée de changer. Tiens, va donc jusqu’au trécarré me chercher mon mantelet que j’ai laissé là à midi.

L’été s’était passé dans ces espoirs toujours déçus. On était en novembre, et déjà le sol se crispait sous la menace de l’hiver. Le chaume prenait des teintes de rouille dans les champs où personne ne passait plus. Le parterre des Gingue disparaissait sous les feuilles mortes, et les derniers dahlias pendaient aux tiges comme des loques froissées.

Un soir, François étant entré pour sa visite habituelle, Caroline dit, au cours de la veillée :

— François, faut que tu me donnes trente sous. Monsieur le curé m’a passé une liste pour la crèche.

— La crèche ? s’enquit François, que veux-tu dire ?

— Je veux dire qu’à Noël on va étrenner une crèche neuve pour remplacer celle d’à c’t’heure qui perd ses morceaux : une trois fois plus grande et plus belle que c’qu’on a jamais vu. Toutes les filles de Sainte-Anne sont zélatrices.