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CONTES DE NOËL

tretien récemment interrompu. Elle l’employait sans gêne à toutes sortes de menus services. Elle disait :

— Tiens, si tu me sasses ma farine, je te donnerai une galette toute chaude. Tiens, si tu me barattes mon beurre, j’irai avec toi ce soir à la danse chez les Gendron. Mais tout cela ne contentait pas François. Il voulait Caroline pour sa femme. Les fois qu’il l’avait demandée en mariage ne se comptaient plus. Il l’avait tourmentée à toute heure du jour et du soir, à la maison, dans la cour et dans la tasserie, dans le mil, le trèfle et l’avoine, à pied, en charrette et en carriole. En fait, il ne se passait pas de visite qu’il ne lui soufflât :

— Quand est-ce qu’on publie, Caroline ?

— Dimanche de la semaine passée. Pourquoi se marier ? Est-on pas bons amis comme ça ?

— Certes, mais pas assez à mon goût. Je te voudrais toujours avec moi. T’aurais tout ce que j’ai, tu serais maîtresse. Tu sais que j’ai personne pour me donner un coup de main ; tu m’aiderais, et moi, je ferais tout à ton désir.

— Oui, c’est ça, que je t’aide ; mais j’en ai d’autres à aider ici. Non, non, pense pas à moi pour le mariage.