vraiment à une fête, où participaient à la fois l’âme et les sens.
Caroline s’asseyait, se relevait, s’agenouillait comme tout le monde, mais sans s’apercevoir de ce qui se passait autour d’elle. La crèche seule l’occupait et la possédait.
Comme ils avaient l’air tous bons, tranquilles et heureux ! C’était la vraie famille, père, mère, enfant, dans leur milieu rustique, entourés des bêtes bienfaisantes. Et les mages étaient là comme des amis venus pour passer une veillée. Tout respirait dans cette demeure l’aise et le bien-être. Le bébé reposait sur un beau coussin écarlate ; les autres avaient des habits neufs, bien ajustés et sans une tache. La santé, l’absence de soucis, brillaient dans le coloris de leurs joues. Les animaux étaient reluisants et rassasiés de fourrage. La neige du toit elle-même avait l’air molle et chaude comme un duvet.
C’était pour la jeune fille comme la révélation d’une vie, cette peinture d’êtres qui se trouvaient si bien ensemble, qui témoignaient en tout s’entendre, s’entr’aider et s’aimer. Jamais elle ne s’était figuré l’existence domestique sous ces couleurs vives et charmantes. Et toujours saint Joseph, sous les traits de François Bénard, l’obsédait doucement, la suivait des yeux, l’invitait par mille signes aperçus d’elle seule. Tandis que