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LE NOËL DE CAROLINE

les refrains s’enlevaient par la nef, répandant sur l’office qui s’achevait un vol de gaieté presque profane, tout-à-coup son cœur se gonfla : elle se sentit prête à pleurer.

Elle fut réveillée de son rêve par le fracas de l’orgue qui trombonait la marche finale. Le monde se levait pour sortir. François était à son côté, empressé à tenir l’écharpe dont elle allait couvrir son cou. Encore hypnotisée, elle le suivit vers la grande porte. Par deux fois elle se retourna pour revoir l’étable et la crèche, qui maintenant s’effaçaient dans une pénombre, car le bedeau, un à un, en soufflait déjà les lampions.

Elle se trouva dehors ; elle prit place dans la carriole, et François l’abria chaudement avec les robes à poil. Elle souriait, songeuse, remerciait du geste, mais se taisait, ne trouvant rien à dire, saisie comme d’un respect devant cet homme. Ils reprirent, sur la neige craquante, le chemin du Petit Brûlé. Le premier à parler fut le garçon.

— Ç’a ben l’air de Noël, hein, Caroline ?

— Oui, ç’a ben l’air de Noël, François.

Les champs étincelaient sous la lune qui s’était levée. Les sapins avaient des aigrettes, des colliers, des médaillons pendus à leurs branches, et leurs glaçons flambaient comme des météores. De tous côtés montait le carillon grêle des clochettes, marquant le