Les jeunes gens s’étaient rapprochés et ils le regardaient, surpris.
— Le connais-tu ? demanda Laurent.
— Pour sûr que non, dit-elle, je n’ai jamais vu c’t-enfant là.
Elle lui toucha doucement l’épaule.
— Qui es-tu, mon petit ? Que fais-tu par ici à c’t’heure ?
Le mioche s’agita et hocha la tête sans répondre.
— Il est gelé, le pauvre, il ne peut même pas parler. Laurent, aide-moi, il faut le réchauffer d’abord.
Ils lui retirèrent le foulard où la neige commençait à fondre, la casquette, les mitaines, puis un court pardessus dont la doublure pendait et dont les manches ne tenaient plus. Ils purent voir alors d’autres loques couvrant sa taille maigre, et une figure brune aux traits grêles, au teint fatigué, à l’expression timide et presque sauvage. Le pauvret n’était guère joli, ni de mine avenante. Les pommettes de ses joues saillaient ; son nez s’arquait peu gracieux au-dessus de lèvres trop minces. Ce qui frappait en lui, c’étaient de grands yeux noirs aux reflets assez doux ; mais leur regard semblait in-