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Page:Dantin - Contes de Noel, 1936.djvu/23

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CISTUS

vres quelques gouttes d’eau-de-vie qui ne causèrent qu’une inconsciente grimace.

Les minutes passèrent, anxieuses. L’horloge marquait maintenant une heure.

— Va-t-il mourir ? dit la jeune fille — Écoute, Laurent j’ai peur pour toi, j’ai peur qu’ils te surprennent ici. Et pourtant, je ne veux pas que tu t’en ailles. Nous sommes rendus trop loin. Reste à m’aider auprès du petit. Ne pensons à rien, faisons d’après notre cœur.

Ils continuèrent à réchauffer les membres de l’enfant ; mais lui semblait tombé dans un coma profond, et de temps en temps seulement un souffle, un battement des cils, trahissait un reste de vie.

— Laisse-moi m’en retourner, dit Laurent, on se reprendra plus tard. S’ils me voient, c’est de la misère pour toi.

Mais Alice s’obstinait : « Non, reste : on fait une charité. Disons le chapelet pour que le petit revienne. »

Docile, il obéit et, sans interrompre leurs soins, tous deux se mirent à exhaler des Ave pressants. Les dizaines suivaient les dizaines. L’enfant gisait toujours, glacé et immobile, mais eux persistaient à prier. Ils ne regardaient plus l’horloge ; ils priaient, poussés par une force, voués à leur bonne œuvre, oublieux d’eux-mêmes, vaguement ré-