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CISTUS

Il faiblissait. Son âme s’éclairait peu à peu. S’ils étaient tous si malheureux, c’était à cause de lui, à cause de son cœur dur, de son avarice et de son orgueil ! Il pouvait leur rendre d’un mot la paix, l’allégresse de Noël. Était-il donc méchant ? Il sentait s’agiter une mêlée de poussées contraires. Mais enfin il prit un parti.

— Laurent, dit-il, viens que je te parle.

Le jeune homme s’avança, craintif.

— Tu sais qu’au temps de Noël les pères bénissent leurs enfants ?

— Je le sais, m’sieur Corriveau. Par grâce, ne nous maudissez pas !

— Les pères bénissent, que je te dis ! Eh bien, mets-toi à genoux ; tu gagnes. L’Enfant-Jésus est contre moi.

Laurent tomba agenouillé. Mais Alice avait entendu. D’un bond elle fut à ses côtés. Ce fut sur leurs deux têtes que le vieux père posa ses mains.

— Va dételer avec Onésime, avant qu’on prenne tous une bouchée.

Et le réveillon rutilait, désormais d’accord avec tous. Il riait de toutes ses faïences, étalait ses brioches tentantes, épandait ses arômes appétissants.

Les deux gars revenus, tous s’attablèrent, l’âme allégée, débordante d’une joie plus in-