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Page:Dantin - Contes de Noel, 1936.djvu/37

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LA MESSE DE FLORENT LÉTOURNEAU

mentait, elle savait lui répondre : « Florent, quand t’agiras en chrétien, il sera temps de penser à ça. » Et malgré que, pour elle, il se serait fendu en quatre, il ne lui cédait pas, vu que c’était un homme ostiné.

Cet individu-là, la deuxième année qu’il était sur le rang, il lui est arrivé une affaire inimaginable, à vous redresser le poil sur le corps, qu’on en a parlé dans le temps jusqu’à Saint-Jérôme et Terrebonne.

C’était la veille de Noël au soir, et le monde, comme d’usage, se préparait pour la messe de minuit. Y avait de la neige pas mal et il ventait fort ; mais il faisait beau clair de lune, avec seulement quelques nuées dans l’Ouest. On a veillé un peu, puis, quand c’est venu sur les onze heures, on a attelé les carrioles, les femmes se sont greyées, et on a démarré les uns après les autres. Il fallait passer, comme de juste, devant la cabane à Florent. Quand le père Morrissette, qu’était avec sa bru, est arrivé en face, il aperçoit mon homme sur le pas de sa porte avec un fanal, et avec son fusil sur le dos. Il arrête son cheval. « Bonsoir, Florent, qu’il dit en riant, t’en vas-tu à la messe avec ta carabine ? Embarque donc avec moi, l’ami, t’as pas de meilleure chance. » — « Merci, que Létourneau lui répond, mais je m’en vas visiter mes pièges. » Deux, trois minutes après, v’là les Latour qui passent ; ils reconnaissent Létourneau dans le milieu du chemin. Alma lui