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LA MESSE DE FLORENT LÉTOURNEAU

vancer dans le bois. Il se fiait sur des remarques qu’il taillait aux arbres, et sur la Grand’Coulée qu’il calculait qu’était pas loin. Il avait marché un bon bout, de peine et de misère, quand tout d’un coup il bute sur un chicot abrié de neige, il s’étend tout de son long, son fanal va revoler à quatre pieds de lui. Quand il veut le ramasser, non seulement il était éteint mais toute l’huile avait renversé. V’là mon homme sans aucune clairté au milieu de l’épinettière. Il commence par sacrer, puis il voit qu’il faut qu’il s’en retourne. Il cherche à remonter ses traces : les traces sont effacées, la poudrerie l’aveugle, à toute minute il se cogne sur les troncs. Il se trouve écarté, monsieur, comme si c’était à cinquante lieues ; le nord, le sud, il reconnaît plus rien. Mais Létourneau, faut lui donner ça, c’était un homme brave. « C’est bon, qu’il dit, on se rendra quand même. » Il se figure à peu près la ligne des terres, et se met à marcher aussi vite qu’il peut, sans voir plus loin que le bout de ses bottes et en défonçant à chaque pas. Il marche une demi-heure, il s’arrête, il remarche encore. Pour lors, il se trouve perdu dans une masse de fardoches, sous des milliers de bouleaux qui se touchent quasiment. C’est une brousse qu’il n’a jamais vue, il n’a pas d’idée où ce qu’il est et ne sait plus de quel bord virer.

Il ne prend pas la peur pour ça. « Y a qu’une chose à faire, qu’il se dit, trouver